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The author has published frequently, sometimes in French, in this journal. For many years he has kept a daily journal in that language. One such entry we present below, with a title supplied by the journal. -Ed.

 

by Jack L. Nixon

(jlnouv-141)
le mardi 9 aout 2005

En août 1928, presque dix ans après la fin de “la der des der,” l’homme politique français, Aristide Briand, et l’homme politique américain, Frank Billings Kellogg, ont elaboré un pacte de renonciation à la guerre comme moyen de résoudre des differénds. Vano empeño, comme on dit en espagnol. Ce pacte a été signé par 57 pays, mais comme aucune sanction n’a été prévue, il s’est révélé illusioire.

Quel dommage! Pendant toute ma vie les guerres se sont succédé sans cesse. En 1931 quand j’avais cinq ans les Japonais ont envahi et occupé la Mandchourie. Êtant le fils d’un métayer indigent au Mississippi, je n’avais pas la moindre connaissance de la géographie, et j’ignorais tout au sujet des Japonais. D’autres événements néfastes pendant la décennie de 1930, avant et après l’arrivée des “sept Nixon” en Califomie (1932), ont souvent donné lieu en Amérique des discussions inquiétantes entre les adultes: l’entrée des troupes hitlériennes dans la zone démilitarisée de la Rhénanie en mars 1936, la guerre d’Éthiopie ménée par I’ltalie fasciste en 1935-36, Ie rattachement de l’Autriche a l’Allemagne nazie en 1938, les accords de Munich en septembre 1938

D’ailleurs il en était question constamment au journal parlé de la radio et dans les classes de l’école élémentaire. Entre-temps mes notions de géographie et d’économie politique s’étaient beaucoup améliorées. Je n’ose même pas imaginer comment ce serait de vivre dans un monde libéré par la loi du fléau de la guerre. Il me semble que Messieurs Briand et Billings-Kellogg, en élaborant leur pacte pour que toutes les nations en délibèrent, auraient dû réfléchir à ce que Valéry Larbaud avait écrit dans son JOURNAL INTIME (publié en 1913): “La femme est une grande réalité, comme la guerre.” Le fait est que la guerre est une grande réalité, comme la femme, et si les hommes, dès leur origine, avaient donné aux femmes la priorité qu’ils attachaient à leurs guerres, l’idee d’élaborer un pacte de renonciation à la guerre comme moyen de résoudre des différends n’aurait peut-être jamais semblé souhaitable.

On peut conjecturer que les femmes, placées dès le début sur un pied d’égalité avec les hommes, auraient déconseillé les guerres et que les hommes sensés auraient tenu compte de leur opinion. Au sujet de la guerre et des femmes, hélas! les hommes n’ont jamais été sensés.

Tout cela se résume dans le dialogue entre Andromaque et Cassandre au début de la pièce de Jean Giraudoux, LA GUERRE DE TROIE N’AURA PAS LIEU:

ANDROMAQUE. — Quand il [Hector] est parti, voilà trois mois, il m’a juré que cette guerre était la demière.
CASSANDRE. – C’était la dernière. La suivante 1’attend. ANDROMAQUE. – Cela ne te fatigue pas de ne voir et de ne prévoir que l’effroyable?
CASSANDRE. — Je ne vois rien, Andromaque. Je ne prévois rien. Je tiens seulement compte de deux bêtises, celle des hommes et celle des éléments.

En parlant de la bêtise Cassandre ne dit pas celle des femmes car la guerre est depuis toujours éminemment le domaine des hommes.

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